Vers intestinaux, et si on avait tout faux en les éradiquant?

La plupart des animaux de compagnie sont vermifugés entre 4 et 12 fois par année la plus grande partie de leur vie. Et si ce fondamental de la médecine vétérinaire sabotait en réalité les défenses immunitaires des chiens et des chats?

La question paraît iconoclaste, et pourtant les résultats de récentes recherches prouvent que la présence de vers dans une proportion raisonnable est nécessaire au maintient d'une réponse immunitaire adaptée.

Si on reprend rapidement depuis le début et qu'on se demande comment l'organisme se protège des maladies inflammatoires, on arrive immédiatement au plus petit dénominateur commun : le système immunitaire.

Il faut obligatoirement un système immunitaire compétent et fort pour lutter efficacement et mener à bien cette mission de la plus haute importance.

La coévolution des microbes et de l'organisme hôte a permis des liens précieux et subtils qui nous dépassent pour la plupart encore complètement mais il apparait d'emblée réducteur et dangereux de penser qu'on peut simplement se passer d'eux ...

Depuis une cinquantaine d'années environ (dans les pays industrialisés) l'hygiénisme à outrance dont le déparasitage systématique et l'alimentation ultra transformée ont malheureusement entrainé une diminution considérable des microbes et des parasites qui proviennent de l'alimentation et de l'environnement. Ce qui a massivement appauvri le microbiote intestinal avec pour conséquence d'affaiblir la réponse du système immunitaire.

Je vous propose d'aborder les liens entre parasites intestinaux et régulation de l'immunité.https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/all.13944

le parasitologue et immunologue Rick Maizels à l'origine de ces thèses explique " Mon intérêt pour les helminthes est né d'un constat : les populations des pays tropicaux, qui sont souvent infectées, ne souffrent pas d'allergies "

Pour faire simple : comme dès qu'un helminthe rentre dans l'intestin, il déclenche une réponse immunitaire de l'organisme pour l'expulser à travers les selles. Pour survivre les helminthes ont dû développer au fil de la coévolution une stratégie de survie : les vers produisent une enzyme qui bloque les mécanismes de défense. Ils inhibent les Th2 , or les Th2 sont aussi associés au processus inflammatoire à l'origine de l'asthme et des allergies.

https://www.clinicalmicrobiologyandinfection.org/article/S1198-743X(16)30121-5/pdf.

Concernant l'inhibition des Th2 en médecine humaine : https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/inhibiteurs-de-la-voie-th2

En médecine vétérinaire il y a le Cytopoint qui agit en bloquant le signal de démangeaison initié par l'IL-31, qui est une cytokine impliquée dans la réponse immunitaire de type Th2. 

Non, ces thérapies à base de modulateurs d'immunité ne sont pas anodines, outre le prix élevé et les effets secondaires potentiels, elles ne règlent pas du tout le problème dans son ensemble mais bloquent simplement l'apparition des symptômes.

Le microbiote reste faible et l'immunité reste déficiente.

Actuellement en médecine humaine la tendance est plutôt d'utiliser les parasites dans ce qui est appelé "l'helmintho-thérapie", il y a des résultats prometteurs pour des patients souffrant de la maladie de Crohn et de rectocolite hémorragique.

.https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1198743X16301215

La médecine évolue et grâce à la médecine intégrative je propose une prise en charge holistique de la santé : plutôt que de traiter un organe comme s'il était isolé du reste de l'organisme, considérons la santé de manière globale.

Voici de quoi réfléchir à deux fois avant de vermifuger vos chiens et vos chats à" l'aveugle".

Je recommande en cas de doute ou au moins 1 fois par année d'effectuer une analyse de selles en parasitologie : c'est simple , peu coûteux et dans la majorité des cas vous vous rendrez compte que les parasites sont absents. Dans les cas où ils sont présents il existe des pistes en alimentation et en phytothérapie qui peuvent permettre de fortifier le microbiote intestinal. Pour des cas sévères, on optera en effet pour un vermifuge. Tous les autres cas doivent être discutés.